Petit-Rocher, le 1er avril 2017- Il y a de ces événements et de ces désastres dans la vie qui commandent aux humains de ne pas les oublier de sitôt, et qui du même souffle, commandent une réponse et une analyse d’une ampleur aussi grande que l’incident lui-même. La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) pense que la crise du verglas du 24 janvier au 5 février, surtout dans la Péninsule acadienne et dans Kent, mérite une considération de grande envergure. C’est pourquoi, par la présente, la SANB tient à réitérer sa demande pour la tenue d’une Commission d’enquête publique indépendante sur la crise du verglas, et d’expliquer les raisons pour lesquelles elle pense ainsi. Cette position fait suite aussi à une initiative citoyenne faisant la même demande qui est supportée par près de 1560 personnes par le biais d’une pétition.

D’entrée de jeu, sachez que la SANB ne veut pas dénigrer l’initiative « analyse après action » du gouvernement provincial, sous la direction de madame Judy Wagner, greffière du Conseil exécutif. Cette initiative est trop limitée par rapport à l’ampleur du désastre. Déjà, en partant la SANB s’inquiète, puisque dans le communiqué du gouvernement émis le 25 février annonçant cette initiative, le gouvernement parle d’une tempête du verglas qui s’est étalée « du 24 au 26 janvier ». Cette crise s’est étalée jusqu’au 5 février. De plus, la SANB ne pense pas que cinq sessions publiques de 90 minutes permettront d’aller suffisamment en profondeur dans l’analyse des événements qui se sont passés, et de pouvoir élaborer des corrections qui pourront à l’avenir réduire l’impact de tels désastres. La SANB encourage tout de même les citoyens et citoyennes à participer en grand nombre à ces audiences publiques (pour voir les dates des audiences publiques veuillez consulter le lien suivant  (http://www2.gnb.ca/content/gnb/fr/nouvelles/communique.2017.03.0347.html).

Encore -là, la SANB croit que cette initiative gouvernementale ne doit pas être qu’un prélude à une commission d’enquête publique indépendante avec une plus grande portée. Nous sommes malheureusement d’avis que cette grande crise n’est que la première d’une série, d’autres graves crises climatiques du genre sont à venir : il n’y a que les partisans de Trump qui en pensent autrement.

La SANB a demandé un avis juridique afin de savoir si elle faisait fausse route à demander une telle commission, et le conseiller juridique a conclu qu’il y avait suffisamment d’éléments réunis pour justifier l’établissement d’une telle commission, allant même jusqu’à dire que ça prendrait même une Commission royale d’enquête. On ne va pas s’enfarger dans les termes, l’important à retenir c’est que ça doit aller plus loin que les 450 minutes de consultations publiques que le gouvernement veut y consacrer. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu deux morts directes lors de cette crise, plus d’une quarantaine d’intoxications critiques, et deux morts indirectes de ces deux dames de la Péninsule acadienne qui sont décédées dans un accident de voiture en se rendant au Québec où elles étaient allées s’héberger pour éviter la crise.

 

Ce drame a aussi permis de lever le voile sur une situation de grande misère et de grande pauvreté pour plusieurs de nos Acadiens et Acadiennes dans la Péninsule acadienne. Cela a permis de réaliser que les plus vulnérables de notre société sont parmi les plus que démunis en situation de catastrophe naturelle comme on l’a connue. On devra tenir compte de ce constat dans le travail de reconstruction massive qu’une commission d’envergure devrait explorer. Mais nous faisons tout de même l’analyse qu’heureusement la société acadienne s’est nettement enrichie avec les années, mais comme partout ailleurs, il y en a malheureusement trop qui restent en arrière, et ce n’est pas une honte que de le constater et d’agir en conséquence.

La SANB pense qu’une telle Commission devrait analyser les conditions qui ont mené à la crise; les impacts du sinistre climatique; la gestion du rebranchement des services d’électricité; la gestion de la sécurité civile; la gestion et les actions prises par les différents paliers du gouvernement; la coordination entre la sécurité civile et Énergie N.-B.; la coordination entre le gouvernement provincial, les DSL et les municipalités; la fiabilité des infrastructures et du réseau électrique; la situation particulière des plus vulnérables, etc. et retenir les leçons et les enseignements de la crise du verglas pour prendre les mesures appropriées à l’avenir pour en minimiser les conséquences.

L’idée ici n’est pas de pointer du doigt qui que ce soit et de trouver des coupables. Tout simplement à tout malheur il y a du bon : profitons donc de ce drame pour mieux s’outiller collectivement face à l’avenir. Il est extraordinaire de constater les réactions citoyennes de résilience et de solidarité que les communautés ont démontrées entre frères et sœurs de l’humanité, et nous les en remercions : bravo et merci! Nous avons trouvé touchant tous les gestes des communautés avoisinantes pour leurs dons en nourriture, en eau, en essence, en bois, etc.  Tous ces gestes spontanés sont dictés par de grandes valeurs humaines, dont la charité.

Mais une société moderne comme la nôtre doit aller au-delà de la charité. L’État doit s’outiller pour faire face aux situations bonnes ou mauvaises que vivent les citoyens. Il faut que l’État soit aux commandes des événements et non pas à la remorque des initiatives citoyennes. Seule une Commission d ‘enquête publique indépendante sur la crise du verglas pourrait permettre de mieux nous préparer et nous outiller pour l’avenir. C’est la plus grande conviction de la SANB. Si vous êtes d’accord avec ces positions, faites-le savoir aux audiences publiques, car la grande devise acadienne nous rappelle avec grandeur que seule « l’union fait la force ».

-30-

Pour plus d’information, veuillez communiquer avec

Ali Chaisson, directeur général au 543-2173