Petit-Rocher, le 8 juin 2018 – La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) est très inquiète de la récente prise de position du chef du Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, à l’égard du bilinguisme dans la fonction publique et chez les premiers répondants.

Lors d’une manifestation des ambulanciers à St. Stephen, M. Higgs a indiqué que s’il remporte les élections provinciales en septembre, son gouvernement privilégiera les qualifications professionnelles avant les compétences linguistiques dans son processus d’embauche et que cette pratique s’appliquerait même aux postes bilingues de la fonction publiques. Il a ensuite affirmé que si un candidat est « qualifié pour l’emploi, nous [leur] donnerons la formation pour apprendre la langue, que ce soit le français ou l’anglais ».

Ces affirmations sont inquiétantes à plusieurs égards, notamment en raison des procédés rhétoriques utilisés :

D’abord, la dilogie c’est un « procédé rhétorique selon lequel un propos est interprété de manière anodine et sans équivoque par la majorité des individus, mais dont le contenu est structuré afin d’être interprété de manière particulière par une frange ciblée de la population »[1]. Il est clair que M. Higgs tente ici d’utiliser le bilinguisme comme point de clivage pour diviser la population et ainsi rallier derrière lui un segment de la population qui souhaiterait l’abolition du bilinguisme officiel. En anglais, ce procédé s’appelle « dog whistle politics ».

Qui plus est, en affirmant que le gouvernement privilégiera les qualifications professionnelles avant les compétences linguistiques, M. Higgs occulte le fait que des compétences linguistiques sont des qualifications professionnelles, tout en laissant entendre que le bilinguisme représente un obstacle pour ceux qui souhaiteraient accéder à la fonction publique. Toutefois, selon un rapport de la Commissaire aux langues officielles publié en 2014, seulement 49% de la haute fonction publique serait bilingue. Ainsi, le discours de Higgs perpétue le mythe comme quoi il est impossible pour un unilingue anglophone de trouver un emploi au sein de la fonction publique; un mythe aucunement ancré dans la réalité.

« En 2018, il est inadmissible que le chef d’un parti politique au Nouveau-Brunswick tienne des propos ouvertement anti-bilinguisme », a déclaré Joey Couturier, président par intérim de la SANB. « Par ses propos, M. Higgs cherche à attiser des tensions linguistiques sous-jacentes pour son propre gain politique. D’ailleurs, en tant que président de la SANB, j’exhorte les réels progressistes de la province à dénoncer les propos de M. Higgs et de réaffirmer l’importance du bilinguisme et du respect des droits linguistiques des Acadiennes et des Acadiens de cette province. Enfin, la question se pose : le silence du premier ministre sur ce dossier est-il signe d’une approbation tacite des propos de M. Higgs? », a conclu M. Couturier.

 

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M. Éric Dow, Responsable des communications et des relations publiques
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[1] Le grand dictionnaire terminologique