Madame la directrice régionale,

Nous ne sommes pas du tout assurés que vous ayez réellement « déployé tous les efforts possibles pour présenter à la communauté acadienne et francophone un débat en français équitable et équilibré », ce à quoi les Acadiens et les Acadiennes de cette province ont pleinement droit.

À l’aube du 50e anniversaire de la Loi sur les langues officielles, il est inconcevable que notre diffuseur national se résigne si facilement à priver un tiers de la population néo-brunswickoise d’une source cruciale d’information politique dans sa langue maternelle lors de cette période électorale. Notre organisme est d’avis que votre incapacité à trouver une solution convenable à ce malheureux problème témoigne d’un manque de créativité flagrant quant aux différents formats que pourrait prendre un débat des chefs. Simplement dit, vous n’avez pas fait votre travail.

Remettons les pendules à l’heure. Dans notre lettre initiale datée du 21 août, nous avons soutenu que l’interprétation simultanée n’était pas acceptable dans le contexte d’un forum des chefs bilingue où 50 % ou plus des propos des chefs serait traduit en simultané. Alors que nous tenons toujours à ce propos, nous pensons qu’il serait tout à fait possible d’organiser un débat en français où certains candidats auraient recours à la traduction simultanée sans nécessairement « alourdir le format » ou « rendre le tout cacophonique et encore plus confus pour les téléspectateurs ». Comme vous le savez, il existe plusieurs différents formats de débat ; il suffirait d’opter pour un format qui ne permettrait pas aux candidats de se couper la parole. Ainsi, le délai engendré par la traduction simultanée ne poserait pas problème.

Votre décision de ne pas faire de débat en français, entre autres à cause de l’unilinguisme d’un chef de parti, n’est pas acceptable et crée un dangereux précédent qui soulève des questions fondamentales quant à la possibilité de tenir des débats en français à l’avenir et quant à l’égalité des langues officielles dans la seule province officiellement bilingue.

Pour la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, le respect et la protection de la communauté acadienne et francophone sont des valeurs fondamentales non négociables. En se résignant à annuler la tenue d’un débat des chefs en langue française, Radio-Canada Acadie manque carrément à son devoir et à son mandat de s’assurer que le droit de la communauté acadienne d’être bien informée dans sa langue soit respecté.

Madame Francoeur, vous devez revenir sur votre décision, qui fait rupture avec la tradition et l’état du développement de l’Acadie de 2018.

Nous vous prions d’agréer, Madame Francoeur, l’expression de notre grande déception.

Robert Melanson, président